L’IA, un outil révolutionnaire ou inquiétant ? Tout dépend de l’usage que l’on en fait, et ça, Ben Gib l’a bien compris. En tant que créateur de contenu indépendant, l’IA l’accompagne au quotidien dans son travail. Perçu comme un réel atout, il nous explique son parcours de création 2.0.
Ben Gib, un créateur de contenu qui compte plus de 138K abonnés sur YouTube et 203K sur TikTok, vit à l’heure de son temps. Il crée du contenu vidéo pour ses abonnés en s’aidant d’outils d’intelligence artificielle. L’IA a transformé sa manière de travailler et amélioré non seulement la qualité de ses rendus mais aussi sa qualité de vie.
Est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?
“Je suis un créateur de contenu spécialisé dans la pop culture. Je propose à ma communauté des contenus autour des univers de Disney, d’Harry Potter, de Marvel. C’est l’univers grand public que j’appelle les “pop corn”, donc principalement des films et séries.”
De quelle manière l’IA intervient dans ton processus de création? Peux-tu me le décrire?
“J’ai ajouté dans mon process des outils d’IA petit à petit, commence Ben Gib. Ça m’accompagne désormais du début à la fin de ma publication. J’utilise des outils comme VidAQ qui est un site spécialisé pour les Youtubeurs qui a un programme d’IA intégré. Il permet de réaliser un audit de mes dernières vidéos et avec les données que l’outil analyse, il va être en mesure de me lister les sujets qui intéressent davantage mon public. À partir de cette liste, l’outil va me conseiller sur les thématiques à traiter en fonction des affinités de mon audience. Ça me donne un point de départ.
L’IA et le travail préparatoire
J’utilise l’intelligence artificielle dans le cadre de mes recherches également. Je demande à ChatGPT des livres ou des sources qui traitent des sujets que je souhaite aborder. Si je tombe sur de longues vidéos YouTube, je peux aussi demander à ChatGPT de me résumer le contenu de la vidéo. Ça me fait gagner énormément de temps dans les recherches et tout le travail préparatoire qui précède la création de contenu.
L’IA au coeur de la création
En ce qui concerne la création même, les outils d’IA comme Mid Journey m’aident à illustrer parfaitement ce que je suis en train de dire lorsque je n’ai pas de visuels de supports. Je demande alors à Mid Journey de me générer une image à insérer dans ma vidéo.
Je fais aussi intervenir l’IA dans l’amélioration de l’audio. Lors de tournages en extérieur, il y a parfois un bruit de fond ou de l’écho. C’est un environnement que je ne maîtrise pas forcément. Grâce à l’IA, je peux en quelques clics, améliorer cet audio et obtenir un son très clair. Ça c’est donc dans la création pure de la vidéo mais il existe aussi des outils d’IA qui aident pour le montage ou encore le sous-titrage.
L’IA dans le processus de publication
Lorsque je veux publier ma vidéo, je vais demander à des outils tels que ChatGPT de me proposer des titres. Je vais le guider en lui demandant un titre à la fois optimisé pour le SEO et qui permette de créer de l’attention, de l’attente chez la personne. Le titre doit être intrigant, avec de l’émotion. Je vais lui demander de me proposer dix titres différents à partir desquels je vais ensuite faire un mix. Ça me permet d’avoir une base sur laquelle travailler. C’est une sorte de brainstorming entre moi et l’intelligence artificielle. Je peux aussi lui donner le script complet de ma vidéo et lui demander de me générer une description de la vidéo pour YouTube.
C’est une multitude de détails qui permettent de faciliter mon quotidien et de gagner un temps précieux sur des aspects où je n’aurais pas forcément de valeur ajoutée en tant que créateur.
Travaillant seul, poursuit-il, j’ai l’impression d’avoir une personne à mes côtés qui me fait de la recherche, d’avoir un prétendu ingénieur son, monteur ou même une sorte d’équipe éditoriale qui me permet de reformuler. L’IA me fournit une kyrielle de petites aides au quotidien qui sont pour la plupart gratuites. Certains outils sont payants mais rien de comparable à ce que me coûterait un graphiste ou un monteur. L’IA me donne accès à une pléthore d’outils mais surtout me permet de produire très rapidement et cela, seul. Cela va non seulement améliorer mon contenu mais également ma qualité de vie. Je veux être capable de produire régulièrement mais sans ces outils d’IA, je mettrais potentiellement quatre à cinq jours supplémentaires pour produire ma vidéo. »
L’utilisation de l’IA booste-t-elle ta créativité ?
“ Oui, c’est un échange illimité, affirme Ben. Je suis en mesure d’avoir un brainstorming grâce à l’IA. Je fais des suggestions, j’obtiens une réponse et à partir de là, on peut avoir une conversation. Ça change de Google où lorsqu’on pose une question, on obtient une réponse unique. ChatGPT ou tout autre outil d’IA, permet d’établir un point de départ. Il faut ensuite ajuster et revoir les réponses afin de réaliser un échange à la manière d’un brainstorming. Cela permet de faire ressortir des idées auxquelles je n’avais pas pensées au départ. C’est un peu comme si j’échangeais avec quelqu’un. Étant donné que je suis un travailleur totalement indépendant, je n’ai pas d’équipes avec qui échanger au quotidien, l’IA m’aide alors à avoir un ping pong cérébral.”
Comment crées-tu un échange constructif avec l’Intelligence Artificielle ?
“C’est du test, c’est un terrain de jeu. Tu vois ce que l’IA répond. J’utilise beaucoup Twitter (maintenant X N.D.L.R) qui m’aide à mieux connaître et utiliser cet outil.
Mid Journey par exemple, donne des images très parfaites avec un aspect très artificiel. Une fois que l’on apprend à faire de meilleures demandes à l’IA, ça ouvre un champ des possibles sans limite. On peut lui demander une image dans le style d’un comic book des années 40 qui se rapproche du style d’un artiste défini, dans une palette de couleur précise. Il y a énormément de choses à découvrir. Twitter est un bon outil car il y a de grandes communautés autour de l’IA qui donnent plein de conseils et choses à tester de son côté.
Pour donner un exemple concret, la semaine dernière j’ai vu un tweet qui parlait des 20 règles d’or de création de Pixar et que l’IA était en mesure de réécrire un script en respectant ces règles-là. On teste et petit à petit, on monte en compétences. Lorsque j’ai commencé à utiliser l’IA, j’étais bien loin du niveau de maîtrise que j’ai aujourd’hui. C’est un outil qui s’apprend.”
Comment vois-tu l’avenir pour les créateurs de contenu ?
“L’IA va prendre plus de place dans la création pure et surtout dans la création de vidéo. On a très peu d’outils d’IA dans la création de vidéo pour le moment. Les modèles de génération de vidéo ne sont pas très performants mais devraient s’améliorer d’ici un ou deux ans. On sera en mesure de demander à l’IA des vidéos d’illustration en faisant les bonnes demandes. Les vidéos d’illustration de propos vont marquer un tournant décisif car elles vont permettre de gagner énormément de temps. La recherche de vidéo d’illustration de propos représente un tiers de mon montage. J’ai besoin de la bonne illustration, du bon moment. C’est donc logique que ce domaine évolue. Comme aujourd’hui on envoie des mails au quotidien sans réfléchir à la technologie derrière, on utilisera des outils d’IA de la même manière, sans même plus y penser. Utiliser un outil boosté par un modèle d’intelligence artificielle sera un processus normal.”
Selon toi, comment l’IA peut nous aider lorsqu’on reçoit un brief marketing ?
“Ça fait gagner énormément de temps et rien que pour ça, ça vaut le coup. On peut adapter les réponses de l’IA à son propre vocabulaire, sa propre façon de parler. On peut lui dire de faire une présentation de tel produit comme on le ferait en fonction d’un brief donné. À nous de le corriger et de l’améliorer par la suite. Les créateurs de contenu ne sont pas des spécialistes du marketing et ne sont pas forcément à l’aise pour faire de la publicité. L’IA peut nous aider à nous approprier le brief. Elle sert de pont entre le pôle marketing et le créateur de contenu qui ne comprend pas forcément tous les aspects du marketing. Cela sert de traducteur pour quelqu’un qui n’est pas spécialisé tout en gardant l’essence du message et en l’appliquant à la bonne cible. Par exemple, en tant que créateur, on connaît notre communauté. On est donc en mesure de reconnaître lorsqu’un discours est bon mais que le langage n’est pas adapté. L’IA peut donc adapter le niveau de langage à ma communauté spécifiquement tout en respectant le brief donné par la marque ou l’agence.”
Les influenceurs virtuels sont-ils une menace aux influenceurs humains ?
“Un influenceur virtuel n’est pas un collègue. Là où effectivement, ça peut faire peur c’est qu’un humain peut gérer plusieurs influenceurs virtuels différents, ce qui représenterait une différence de coût non négligeable pour les marques. Mais avec les influenceurs virtuels on perd le côté humain, communautaire et social. Personnellement, je me souviens de mes premiers abonnés, je sais qui ils sont, je me souviens des questions qu’ils m’ont posées. Je ne vais pas répondre de la même manière à tout le monde. Il y a des attentions que l’IA ne pourra pas mettre en place. Pour moi, l’IA c’est avant tout un ensemble d’outils qui va permettre d’améliorer la création de contenu. Alors non, l’IA ne va pas remplacer les humains. Je la vois comme un outil qui nous fait gagner du temps et qui nous sert à être plus performant. Et par conséquent, améliorer notre contenu,” conclut-il.
En conclusion
Vivre à l’ère de son temps, c’est ce que fait Ben Gib qui exploite pleinement les capacités de l’Intelligence Artificielle. Il tire profit de tous les bénéfices de cet outil qui lui permet de combler ses lacunes. Il lui apporte des compétences complémentaires en améliorant la qualité de son travail mais aussi sa qualité de vie. C’est un gain de temps précieux au quotidien. La technologie est au service de l’homme avec pour unique objectif de gagner en efficacité. L’IA est une réalité dont il va falloir s’accommoder car une fois réalisés son véritable but et l’étendue de ses capacités, la question qui se pose est avant tout, comment pourrons-nous en passer?
